Le Sytral dévoile sa stratégie énergétique

Par Jean-Philippe Pastre
Le Sytral a révélé mi-septembre sa future politique d'acquisition de matériels roulants dans la perspective d'application de la loi de transition énergétique pour la croissance verte. Tout est calé pour 2020, avec quelques surprises et innovations au menu.
Si l'Ile-de-France s'est positionnée très tôt (dès la COP21 de 2015) quant à ses choix technologiques pour les acquisitions d'autobus, le Sytral a revendiqué dès le départ une position prudente. Certains se gaussèrent des achats, massifs, de véhicules Diesel Euro VI effectués en 2017. L'objectif étant de renouveler les autobus Diesel les plus anciens. On peut y voir là la traduction de la prudente sagesse lyonnaise, mais le cliché pourrait en effet bien s'appliquer ici.
On se souvient que dès 2013, le Sytral expérimenta en conditions réelles d'exploitation, sur une période longue (2x12 mois prévus initialement dans le protocole de test) 3 paires d'autobus hybrides Euro V EEV.
Un test sur lequel le Sytral est revenu dans sa présentation du 14 septembre 2018 en ces termes : « si les résultats sont conformes aux annonces des constructeurs, avec une réduction de la consommation et de rejets de CO2de 25% en moyenne, le Sytral a toutefois décidé de ne pas investir dans cette technologie qui ne rentre pas dans le cadre de la loi sur la transition énergétique pour les agglomérations de plus de 250 000 habitants ».
La loi de transition énergétique, alpha et omega des choix
Les hybrides mis sur la touche, que reste-t-il comme choix ? Pour la métropole de Lyon, ce sont les critères les plus sévères de cette loi qui trouvent à s'appliquer, ce qui limite le choix aux seuls véhicules électriques et à motorisation gaz naturel (GNV et bio-GNV). Là où le Sytral innove, c'est que l'électrique sera représenté par deux technologies différentes.
Une des nouveautés est l'apparition programmée des autobus à batteries. Cela confirme que les tests conduits sur la ligne 45 (redoutable par ses déclivités) et la C7 (significative en terme de longueur et de trafic passagers) furent concluants.
Les modes de charge vont se répartir, en fonctions des lignes, entre charge nocturne (13 lignes concernées) et combinaison entre charge nocturne et biberonnage (pour 53 autres lignes).
L'itinéraire C16 (Villeurbanne Les Charpennes-Vénissieux route de Vienne exploité avec 11 autobus) sera le premier à en bénéficier dès 2020. Outre les autobus à batteries, le Sytral mise surtout sur les bus électrique bifilaires IMC (alias trolleybus nouvelle génération). Il confirme là l'orientation stratégique prise par Saint-Etienne Métropole à l'été 2018 (voir Mobilités Magazine n°18).
Le parc de trolleybus de l'agglomération lyonnaise (130 machines actuellement) pourrait retrouver un volume considérable puisqu'aux 6 lignes actuelles (dont certaines constituant quasiment une colonne vertébrale du réseau autobus TCL comme les C2, C3, C13 et C14) viendraient s'ajouter 6 lignes (C6, C5, C25, lignes 19, 25 et 38, soit 51 machines supplémentaires) utilisant une partie du réseau de lignes aériennes sauvegardées mais plus exploitées (on pense au secteur de Parilly).
Certaines, comme la C13, vont voir leur parc considérablement renforcé, avec une vingtaine de trolleybus articulés à technologie IMC dès 2020. Ajoutez-y le « grand carénage » en cours des trolleybus Irisbus Cristalis (entrés en parc entre 2003 et 2011) afin de leur garantir une exploitation de 20 ans, et Lyon confortera dès lors son positionnement de 1ère ville française en matière de trolleybus (et parmi les 5 premières en Europe).
Le méthane et l'hydrogène en vue
Autre surprise : le Sytral confirme que « les dépôts ont été analysés pour évaluer leur capacité d'adaptation à l'accueil des autobus alimentés au gaz. L'étude a montré que 4 des 9 dépôts du réseau TCL peuvent accueillir des bus GNV, moyennant l'installation d'une station de compression pour alimenter les véhicules au gaz. Cette technologie aujourd'hui mature, présente l'intérêt d'avoir une autonomie de roulage journalière correspondant aux besoins du réseau TCL ».
Aucun détail n'a été communiqué sur les dépôts et lignes concernés, mais on peut parier qu'il s'agira des itinéraires les plus périphériques (on pense notamment à Givors). Quant à l'hydrogène, il fera l'objet d'un test en condition réelle d'exploitation pour 2022 sur la ligne Zi6 qui relie Jean-Macé à Saint-Fons. « Les bus seront rechargés à la station de distribution d'hydrogène de la CNR ».
Ainsi, le Sytral revendique devancer les exigences de la loi de transition énergétique en procédant dès 2020 à des appels d'offres de véhicules répondant en totalité aux exigences de 2025. Ce plan d'investissements concernera 250 autobus entre 2020 et 2025, soit une enveloppe estimée de 200 M€. A travers ce plan, le Sytral compte économiser 2 millions de litres de gazole !

