top of page
  • Jean-Philippe Pastre

E-Busco 3.0 : chasser le carbone avec du carbone ?

25/05/2023 - Le voici donc cet E-Busco 3.0 électrique à batteries à structure en fibre de carbone. Son arrivée aura fait du bruit, mais peut-être pas autant que celui régnant dans l’habitacle. Il prouve que les bonnes idées conceptuelles ne font pas forcément un autobus homogène.


E-Busco 3.0

E-Busco a commencé son activité en Europe via un véhicule fabriqué en Chine chez Xiamen King Long, l’E-Busco 2.2 à structure conventionnelle. Mais E-Busco a développé un modèle plus innovant dont la structure est réalisée à Deurne (Pays-Bas) : l’E-Busco 3.0 autoportant en fibre de carbone. Il est livrable dès aujourd’hui en version standard 12 m et le sera à partir de 2024 dans la version 18 m.


Deuxième innovation conceptuelle, partagée avec le nouveau VDL Citea : les batteries sont dans le plancher. Entre l’allègement revendiqué et le barycentre optimisé, et l’optimisme volontariste des représentants de la marque, cela s’annonce prometteur. Alors, promesse tenue ? Héla non.


E-Busco 3.0  vue arrière

Le modèle s’est révélé être un des plus bruyants du plateau : la structure, les voussoirs, le mobilier, tout se conjugue dans un concert de craquements. En outre, la suspension ne semble pas bénéficier de l’allègement revendiqué tant elle est sujette aux effets de pompages. Un reparamétrage des lois d’amortissement semble nécessaire pour un meilleur contrôle des mouvements verticaux.

E-Busco 3.0, vue siège conducteur

La présentation du poste de conduite est originale mais très minimaliste. Idem pour les espaces de rangements où c’est « service minimum ». Zen revanche, le frein de parc à actionnement électrique est pratique et rapide. Il remplace efficacement la fonction d’aide au démarrage en côte souvent piégeuse chez d’autres marques.


Les caméras de rétrovision Orlaco sont efficaces, mais l’affichage pour l’accostage ne se fait qu’à l’ouverture des portes avant, soit après que l’on en ait besoin.

En prime, l’image est occultée par l’affichage… des mentions légales ! Absurde. Le freinage et la récupération d’énergie ont donné toute satisfaction.


La direction fut déconcertante par un effet de clavetage et de manque de linéarité, en particulier en début d’effort. La visibilité directe n’est pas aussi bonne qu’espérée en raison de l’épaisseur des montants.


Côté passagers, ce n’est guère mieux : l’ambiance intérieure est sombre et les panneaux en matériaux composites semblent sensibles aux rayures et marques de frottement. On n’ose imaginer ce que cela donnera en quelques mois de vie dans un réseau urbain souffrant de graffitis sur les parois.


E-Busco 3.0 , vue sièges passagers

Autre souci bien plus coûteux : la réparation d’éventuels des dommages à la structure. Le constructeur déclare qu’il peut réparer celle-ci dans son usine ou dans un atelier agréé basé à… Hambourg (Allemagne Fédérale). Pas le plus commode en termes de temps d’immobilisation et de logistique. Bref, c’est un véhicule d’ingénieurs, pas de praticiens.

Bien sûr, et comme trop souvent dans le monde de l’autobus, on ne saura rien du prix de vente du véhicule.

bottom of page