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Vaincre les « déserts de mobilité ». Quid des zones blanches ?


Que faut-il donc pour résoudre le problème des « déserts de mobilités » ? Pas grand-chose si l'on en croit une start-up rencontrée lors du salon Transports Publics : un smartphone relié à internet, son application et le tour est joué.

Grâce à ses algorithmes, elle promet de remplacer les coûteux transports à la demande dans les territoires peu denses, afin de faire du rabattement vers les réseaux de transport. Vallées de montagne, communes rurales éloignées des grandes villes, cantons à la frontière entre deux régions victimes de services TER « en cul de sac », les zones blanches de mobilité ne manquent pas.

La solution proposée repose cependant sur plusieurs postulats typiquement « métropolitains » : il faut un smartphone et une connexion internet. Or tout le monde, en particulier passé un certain âge et/ou dans les territoires d'outre-Seine, n'est pas forcément équipé de ce double sésame technologique.

Et même si cela était le cas, encore faudrait-il que le territoire soit couvert en totalité par la 4G. Soyons réalistes, il est à craindre que la carte des zones blanches de télécommunications corresponde à court terme aux zones blanches de mobilité.

Emmanuel Gougeon © SENS Agence

On nous promet pourtant, dans le cadre du plan numérique, le raccordement au très haut-débit. Hélas, ce n'est pas parce qu'un réseau de fibre optique passe devant votre domicile que vous y avez accès ! Les hameaux seront, au mieux, reliés par du câble coaxial cuivre. Et encore faudra-t-il qu'un répartiteur ne soit pas trop distant, sans quoi le très haut débit pourrait bien finir en 128Ko.

Pire : l'opérateur historique, présent lui aussi au salon Transports Publics, déclare sournoisement à l'ARCEP des lignes téléphoniques fixes comme « accessibles au haut-débit », alors qu'il n’en est rien. Ceci dans le seul but de remplir ses quotas vis-à-vis des autorités.

Oui, les belles paroles vantant la « mobilité pour tous » à base d'algorithmes savants accessibles via internet ou de bicyclettes à assistance électrique ne tiendront pas la route l'hiver venu sur les plateaux d'Ardèche, de Lozère, de la Drôme ou du Jura.

Les pauvres (actifs ou retraités) qui ont dû fuir les villes sous l'effet de la spéculation immobilière et de la gentrification (ou pire : qui ont toujours vécu à la campagne), subissent une triple peine : ils doivent prendre leur voiture pour rejoindre à des kilomètres de là leur lieu de travail, un bassin de vie ou une gare SNCF où subsisterait par miracle, un service TER.

Une voiture pour laquelle ils payent depuis le 1erjanvier 2018 un montant record de taxes et d'accises sur les carburants. Voiture qu'ils ne peuvent substituer faute de transports publics, et même s'ils désiraient covoiturer de façon inclusive dans une ambiance alternative, écologique et citoyenne, ils ne le pourraient pas, faute d'une connexion internet performante et, bien souvent... de quidam passant par là. Sur les routes de la « start-up nation » il y a encore du chemin à parcourir.


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